Introduction

Depuis deux années environ, J’ai été sensibilisée puis formée à l’approche du développement du pouvoir d’agir. (Initiation, perfectionnement puis identification comme personne ressource)

J’essaye de m’approprier cette démarche et de l’utiliser dans ma pratique professionnelle mais je suis encore en phase d’expérimentation et la situation dont je vais vous parler n’a pas valeur d’exemple. Ce n’est qu’un témoignage de mon expérience.

 

Fonctions et missions 

Je suis assistante sociale polyvalente de secteur sur le département de la Gironde. Je travaille au sein du service d’action sociale départemental.

Nos missions principales sont :

  • L’accueil, l’écoute psycho-sociale, l’information et l’accès aux droits
  • La prévention et la protection de l’enfance
  • La lutte contre les exclusions (santé- logement-insertion)
  • Le développement social local

Je suis affectée dans une MDSI (maison départementale de la solidarité et de l’insertion).sur un secteur urbain et semi urbain de 3 communes, en partie situées sur la communauté urbaine de Bordeaux et en partie à l’extérieur.

Nous sommes désectorisés et réorganisés mais chaque professionnel AS continue à assurer à la fois des missions d’accueil et d’accompagnement. Chacun exerce la totalité des missions dévolues au département.

 

Public concerné par ma situation 

Il s’agit d’une personne retraitée âgée de 60 ans, lors de notre première rencontre,  rencontrée dans le cadre d’une permanence d’accueil puis accompagnée dans le cadre de l’insertion sociale, sur plusieurs mois.

La particularité de cette situation est que lors de la première rencontre, nous réalisons mutuellement que j’ai prononcé un avis négatif à sa demande d’agrément assistante maternelle formulée, quelques années auparavant. Le projet d’accueil de Mme était inadapté (logement- santé- positionnement préprofessionnel) mais la raison principale était que madame motivait sa demande par sa volonté de lutter contre l’ennui et la dépression. Les raisons du refus ont été expliquées à Mme en fin de procédure et elle n’a pas fait appel à cette décision, Mme dira pourtant ne pas avoir accepté ce refus et en garder un fort ressentiment à mon égard.

Lors du premier rdv, Mme se montre dans un premier temps hostile à ma présence puis nous parvenons à reparler de la procédure d’agrément. Me dit finalement avoir compris avec le temps mon argumentaire et nous convenons ensemble qu’il nous est possible de continuer le travail ensemble.

 

Problème posé au départ : Un problème en deux temps

Mme  est en invalidité, elle est veuve, et se dit être très isolée. Elle a de grosses difficultés financières (dette de loyers, impayés de factures énergie, impayés de mutuelle, difficulté à faire face à l’alimentaire…)

De plus elle se montre préoccupée car elle doit être mise à la retraite d’ici 3 mois et craint de voir ses revenus baisser.

Elle vit depuis 34 ans dans un logement HLM (T4) qu’elle ne souhaite pas quitter car elle dit que c’est l’endroit où elle a élevé ses enfants, elle y a tous ses repères et elle peut y accueillir ses petits-enfants régulièrement. Ce logement est situé au 4ème étage sans ascenseur.

Mme demande à être accompagnée dans cette période difficile afin d’apurer ses dettes.

Un accompagnement insertion, m’est alors confié avec pour objectif un travail autour du budget, afin d’aider Mme à apurer un maximum de dettes avant le passage à l’âge de .la retraite et la diminution prévisible de revenu.

A cette époque je n’étais pas encore sensibilisée à l’approche DPA.

J’ai donc rencontré régulièrement Madame et fait un suivi budgétaire et  instruit diverses demandes d’aides financières.

  • Pour les factures d’énergie avec toujours une participation partielle de Mme.
  • Pour l’alimentaire auprès du CCAS de la commune et du conseil général.

Le CCAS a accordé des tickets alimentaires puis un accès temporaire à l’épicerie sociale et le CG des aides alimentaires dites précarité de 60€

  • Pour la dette de loyers, auprès du FSL ; Mme ayant repris le paiement régulier de son loyer résiduel. Cette demande a toutefois été refusée car Mme avait un logement inadapté à la composition de sa famille et un garage inutile. Le paiement du loyer représentait une part trop importante du budget.

Le FSL posait donc la condition d’un déménagement préalable à toute intervention.

Très vite, La situation s’aggrave encore puisque madame perd 150€ de revenus du fait de sa mise à la retraite.

Mme B est toujours dans une situation financière très difficile (dette de loyers, impayés énergie, découvert bancaire)

Mme B a pu accéder pour quelques mois à l’épicerie sociale communale mais pour une durée limitée.

Le règlement intérieur d’accès à ce service prévoit : une contractualisation sur 3 mois éventuellement renouvelable deux fois, entre la personne, le CCAS et le travailleur social référent. L’accès à ce service doit obligatoirement permettre une amélioration et une sortie de la précarité. La participation à des ateliers collectifs d’insertion sociale est obligatoire.  Pour des raisons financières, le nombre des familles accédant à ce service est prédéterminé.

Mme sollicite régulièrement des demandes d’aides financières alimentaires ou pour le paiement de ses factures, qui ne permettent que de soulager un budget mensuel en tension et non de prévoir une amélioration de la situation à plus long terme.

Nous sommes confrontés à des rejets de plus en plus réguliers d’aides financières aux motifs que Mme a déjà été aidée précédemment ou que Mme doit déménager pour un logement plus petit. Le choix de rester dans ce T4 est « un luxe » non acceptable pour les institutions sollicitées.

Mme B est dans la plainte continuelle et hyper demandeuse vis-à-vis de notre service. Elle se dit très isolée et déprimée. Elle m’appelle quasiment tous les jours et demande des rendez-vous chaque semaine.

Le problème de Madame devient alors mon problème.

Je me retrouve confrontée à une perte de sens de mon intervention professionnelle, exaspérée par les demandes répétées de Mme B et sans solution pérenne à proposer.

Véronique Bietz

La suite de ce texte est accessible uniquement aux adhérents avec un mot de passe