Ce qu’apporte aux professionnels l’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir  (DPA)

Cette synthèse reprend les propos d’assistants de service social en formation (2 fois deux jours). Elle a été réalisée par Catherine Etienne.

 

traces dans le sable

 

Le travailleur social prend conscience du décalage qui existe entre la perception de sa priorité d’action et celle de l’usager 

«on se rend compte qu’on peut beaucoup influencer la personne»

«on interprète»

«c’est intéressant de constater que les personnes attendent souvent de voir où on les emmène. Ils ont du mal à formuler un souhait, d’où notre tendance à le faire nous-mêmes »

«j’ai réalisé à quel point j’avais tendance à projeter en permanence… et qu’il y avait souvent un écart entre mes souhaits et ce que la personne voulait»

Le travailleur social réalise combien il a tendance à donner, à proposer, à endosser le rôle du « sauveur », avant même d’avoir identifié avec l’usager quel est sa priorité telle qu’il la perçoit 

«les gens demandent, et moi j’ai plaisir à apporter !»

«c’est fou de constater combien on veut tout de suite proposer un dispositif. ça nous rassure !»

«on s’agite beaucoup !»

«ça m’a bousculée, car cela fait trente ans que je réponds à la demande !»

Des usagers parfois interloqués par le fait que le travailleur social ne réponde pas d’emblée en proposant l’accès à un dispositif 

«quand on pose des questions pour identifier le problème au lieu de répondre tout de suite par une offre de dispositif, ça déroute la personne. Une personne a été un peu agressive, mais une fois le problème posé, on a trouvé facilement »

«la participation des personnes à la définition du problème et à la façon de trouver une solution pour le résoudre était quelque chose de complètement nouveau pour eux. Cette façon de procéder par étapes (étapes qu’ils ont eux-mêmes définies) les a cependant déstabilisés un temps. Au final, le DPA leur a donné envie d’aller plus loin dans la prise en compte de leurs difficultés et dans la façon de demander de l’aide pour les résoudre. Il leur a aussi permis de prendre du recul sur leur situation et d’élaborer des projets»

Les conséquences : l’entretien est plus ciblé

«souvent, l’entretien est un flot d’informations dans lequel on peut se perdre. Le questionnement [inhérent à l’approche] permet de cibler sur ce qui est le plus important pour la personne ici et maintenant, et c’est plus efficace»

Une approche plus centrée sur les désirs, les compétences des personnes, qui ouvre un champ de possibilités

«c’est plus positif d’aider la personne à définir ce qui est vraiment important pour elle, que de lui demander « quel est votre problème?»

«ça parait tout petit, ce sont des petites phrases, mais j’ai réussi à lui faire verbaliser des choses essentielles pour lui»

«j’avais des doutes, mais j’ai utilisé ce questionnement avec une personne déstabilisée, violente, et ça a été très contenant. Elle a pu verbaliser plus calmement son souhait»

Une adéquation plus forte entre l’action menée et l’attente de l’usager

«cela permet de se centrer sur ce qui est vraiment important pour l’usager »

«cela donne vraiment prise à une action concrète satisfaisante pour l’usager car répondant à son besoin»

Une marge de liberté plus grande pour l’usager

«on redonne la main à l’usager »

«on nous parle de travail social par objectif, mais là j’ai vraiment expérimenté la définition d’objectifs vraiment négociés avec la personne. ça change radicalement»

«j’ai eu d’agréables surprises : des gens qui changeaient complètement leur façon de présenter le problème»

Des travailleurs sociaux plus sereins !

«ça m’a apaisée de négocier les objectifs avec la personne, de lâcher prise, d’aller dans son rythme. La personne se réapproprie son problème et ça soulage »

« je me sens moins dispersée, et moins fatiguée ! »

« j’ai compris que ça n’était pas le moment pour cette personne de faire certaines démarches. Avant j’aurais culpabilisé, là je me suis détendue »

«ça m’a permis de souffler, d’être moins dans l’urgence, de vivre mon travail avec plus de distance »

« avant j’étais toute affolée, je me sens plus posée. J’accepte ce que les personnes souhaitent et d’avancer progressivement, par étapes, avec eux »

«c’est très déculpabilisant, car on est dans une recherche d’équilibre… la personne fait ses choix, elle est au fait des conséquences»

 Un gain de temps

«le premier entretien est peut être plus long, mais on gagne du temps sur les suivants, parce que les choses sont mieux ciblées »

Une coopération plus productive avec des partenaires

«à partir de l’identification de la priorité de la personne, j’ai réussi à convaincre le médecin qui a modifié sa manière de faire»

«j’ai pu préparer avec certains l’argumentaire pour présenter leur situation à des partenaires»